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Le droit à la culture est garanti . La liberté de création est garantie. L’État encourage la créativité culturelle et soutient la culture nationale dans son enracinement, sa diversité et son renouvellement, en vue de consacrer les valeurs de tolérance, de rejet de la violence, d’ouverture sur les différentes cultures et de dialogue entre les civilisations.”

Article 42 de la constitution tunisienne.

Résumé:

Dans une étude qualitative de l’INSInstitut National de la Statistique   intitulée « Le Bulletin Statistique Annuel de la Tunisie 2015 – 2019 »[1], les chiffres indiquent un développement de l’infrastructure des établissements culturels, avec une augmentation du nombre de bibliothèques publiques et du taux de livres par population. En revanche, malgré  cette évolution, les chiffres de fréquentation des bibliothèques et des prêts de livres ont évolué en sens inverse. Dans la même étude, et grâce aux efforts de réforme et aux investissements dans les infrastructures, le nombre de salles d’exposition est passé de 23 en 2015 à 35 en 2019. Le nombre de films projetés, dont plus que la moitié étaient des films américains, a également augmenté, tandis que le pourcentage de films tunisiens projetés n’a pas dépassé les 15 % de l’ensemble des longs métrages diffusés. A noter que le nombre de téléspectateurs a augmenté de près de 300 %, ce qui réfute l’argument prétendant  que les films piratés ont entraîné une baisse d’audience.

Ce papier tente d’aborder les problématiques majeures qui empêchent le développement de la production créative en Tunisie, en interrogeant  les études et les articles écrits sur les politiques publiques culturelles, en dépit de  leur rareté. Pour ensuite, évoquer des propositions qui contribueraient à formuler une vision réformatrice de la réalité de l’action culturelle.

Introduction

Dans son témoignage sur la position de Bourguiba sur le communisme, Chedli Kilibi dit [2] : « Bourguiba était contre la création d’un ministère de la Culture, car il la considérait comme une hérésie soviétique. Mais lorsque Charles de Gaulle crée un ministère de la Culture en 1959, Bourguiba adopte l’idée .” On crée donc en 1961 le Secrétariat d’Etat aux Affaires culturelles et à l’Information, qui sera transformé plus tard, en 1970, en Ministère des Affaires culturelles et de la préservation du patrimoine. Tout comme le nom du ministère qui a changé d’un gouvernement à un autre, ses politiques ont également changé en fonction des agendas gouvernementaux. Depuis sa création et jusqu’en 1980, le ministère était en relation organique avec le ministère de l’Éducation, car les politiques générales du ministère visaient à en faire un outil de formation et d’éducation des jeunes à l’époque, selon le projet National Tunisien mené par l’État post-indépendance[3], ce qui explique ce lien. En coordination entre ces deux ministères, le dessin et la musique ont été inscrits dans les programmes officiels des écoles dans les années 60, puis le théâtre a suivi, le chant collectif et les ciné-clubs dans les années 70. Et puisque l’éradication de l’analphabétisme et l’élévation du niveau de scolarisation étaient deux des grands lignes politiques publiques, des ciné-clubs ont été organisés dans les écoles et dans les maisons de la culture, des pièces de théâtre ont été jouées et des groupes itinérants ont été organisés… Ces modèles culturels se sont transformés en outils purement pédagogiques, alors que l’État n’a pas prêté l’attention nécessaire à la production sur le plan professionnel : théâtral, cinématographique… en laissant la production à la libre initiative et sans une politique publique régulée[4], tandis que la tâche du ministère se limitait à jouer le rôle de la conscience de l’État, en plus de l’organisation et du soutien logistique des festivals. Avec la création du Fonds National de la Culture en 1984, les politiques du ministère s’actualisent vers la démocratisation de la culture (l’accès  à tous), sa tunisification et vers la décentralisation[5].

Depuis le début des années 90 et avec la vague mondiale de libéralisation, les réformes structurelles stipulées dans les accords avec le Fonds Monétaire International ont conduit à un changement radical des politiques publiques de l’État, d’un État-providence sociale vers un État libéral (tunisifié). Cette transformation a atteint le secteur culturel. On a donc inclus les industries culturelles dans le code d’encouragement à l’investissement de 1994[6] ce qui a ouvert les portes de l’investissement culturel au secteur privé. Théoriquement, et jusqu’en 2010, les politiques publiques d’appui de la décentralisation se  sont manifestées  à travers certaines commissariats  régionaux les de la culture, en plus de la création d’autres institutions telles que l’Agence de mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, l’adoption d’une approche participative à travers la création du Conseil Supérieur de la Culture, l’encouragement des entrepreneurs privés du secteur culturel à travers des facilités fiscales et des partenariats entre le secteur public et le secteur privé et la réalisation du projet “Cité de la Culture”. Malgré toutes ces bonnes intentions et cette ouverture sur le plan théorique, le régime autoritaire de cette période-là et l’étouffement systématique des libertés, principalement la liberté d’expression et de créativité qui est la base de toute action culturelle, ont empêché la création d’un climat culturel constructif. Ce qui pourrait expliquer, et sans entrer dans les chiffres et les comparaisons, l’insignifiance de l’ouvrage culturel[7].Ce policy brief donne  une tentative de diagnostic de la dernière décennie, de 2011 à aujourd’hui, dans une première étape, puis, une formulation des recommandations  pour résoudre les obstacles qui ont empêché l’épanouissement de la production culturelle locale et son développement vers un professionnalisme au niveau régional et mondial.

Une approche diagnostique générale de la réalité culturelle:

La démission de l’esprit politique de l’État de la « politique douce » :

“La culture, c’est ce qui demeure dans l’homme lorsqu’il a tout oublié”[8] C’est ce qu’a dit le politicien français Edouard Herriot. Depuis la révolution du 17 décembre – 14 janvier jusqu’à aujourd’hui, 9 personnages différents dans 10 gouvernements consécutifs se sont succédés à la tête du ministère de la Culture,   de backgrounds différents, les ministres successifs ont porté des rêves et des projets différents, certains étaient importants et d’autres manquaient de vigueur. On planifiait chaque année, depuis 10 ans, différents programmes culturels liés par leurs objectifs et l’unanimité quant au diagnostic de la réalité de l’action culturelle dans ses diverses expressions, mais aussi séparés entre eux par le manque de continuité et la suspension des « nouveaux » programmes à chaque départ : licenciement/démission/motion de confiance. Ce qui est remarquable, c’est la poursuite de la plupart des programmes qui étaient établis et mis en place avant la révolution, sous la tutelle de “l’administration”. La culture n’est pas une exception car c’est l’administration qui a pris en charge la rédaction des lois de finance, l’élaboration des politiques fiscales et la gestion de la situation au quotidien (le statu quo) au vu de l’instabilité et de la dispersion politique que traverse le pays durant la dernière décennie. Les agences du ministère ont également continué à jouer le rôle hybride qu’elles avaient adopté depuis les années 90. Brièvement, à part quelques grandes lignes dans des programmes prévus par l’administration culturelle, les autorités politiques successives n’ont pas répondu à la question culturelle : qu’est-ce que la culture ? Quelle est la culture nationale que nous voulons ? Quel est l’être humain tunisien que nous voulons ? Comment voyons-nous le créateur tunisien dans le futur ? Quelle influence la Tunisie exerce-t-elle dans la scène culturelle internationale ? Vers quel but va-t-on avec les industries culturelles : cinéma, édition littéraire, arts de la scène… ainsi que les autres arts ? Bref, le ministère s’était contenté de son rôle d’organisateur de festivals et de manifestations[9].

Centralisation excessive, bureaucratie efficace en l’absence de transparence :

Dans une étude financée par l’UNESCOUnited Nations Educational, Scientific and Cultural Organization en 2011[10], le diagnostic du secteur culturel de l’époque conclut que l’une des causes de la crise culturelle était une centralisation excessive, une bureaucratie trop spécialisée et l’absence de transparence. Dix ans se sont écoulés depuis la publication de ce rapport, et peu de choses ont changé. Bien que la constitution de 2014 profère la décentralisation, chose qui est également stipulée dans les accords conclus dans le cadre de la coopération internationale, le ministère reste le principal déterminant du processus culturel puisqu’il il supervise les budgets des finances publiques du secteur qui représentent le facteur déterminant dans cette équation, compte tenu de la rareté des ressources de financement en dehors du système de financement public et étranger.

Au début du processus de transition démocratique, le ministère s’est chargé de mener les réformes nécessaires pour le secteur. Dans le même contexte, les directives de la réforme culturelle se sont centrées sur les réformes structurelles et le renforcement des droits culturels à travers la réforme des mécanismes de gestion et de hiérarchie au sein des administrations. Avec la création de nouvelles institutions telles que le Centre National du Cinéma et de l’Image, qui a été l’un des produits des recommandations des institutions financières donatrices. 

Chaque ministre a cherché à associer son nom à un programme ou à une initiative, mais ce lien était très organique vu que   le programme se termine avec la fin du mandat ministériel. Et malgré l’engagement des ministres en faveur de la décentralisation, la relation verticale entre le ministère et ses commissariats régionaux   s’est poursuivie, représentée dans l’orientation des politiques régionales selon les programmes menés par les ministres[11]. Exemple : Ponts de Communication (Latifa Lakhdar, 2016), Tunisie Cite des Arts (Mohamed Zine El Abidine, 2018) et Empreintes (Shiraz Al-Atiri, 2020)…

Faible suivi et absence d’un cadre réglementaire :

Le Bureau de la planification, de la programmation et des études au sein du ministère est principalement chargé, avec d’autres départements, de collecter des données statistiques et de réaliser des rapports d’évaluation des politiques culturelles. En 2016, le ministère a lancé un portail de données ouvertes: http://www.openculture.gov.tn/, qui fournit un ensemble de données quantitatives: le nombre de livres achetés, les films et les spectacles qui ont reçu le soutien du ministère et les événements organisés par ce dernier… Mais le manque de cadres juridiques et organisationnels du secteur culturel qui définissent  les relations entre les différentes parties selon une stratégie claire et cohérente, a conduit à une faible capacité de surveiller, d’analyser, de justifier et de modifier adéquatement les activités du ministère. Les chiffres fournis par le portail ont un aspect quantitatif et descriptif sur les travaux d’infrastructures réalisés, les achats, les programmes et les activités… Cependant, ils ne fournissent aucune signification exacte permettant de mesurer l’efficacité et la qualité de ces activités, encore moins de les évaluer. Ceci est dû à l’absence de cadres organisationnels précis en termes de concepts et de statistiques spécialisées dans les effets de l’action culturelle au sein de la société.

annéenombres de titres acquisnombre de copies
20151031154430
20161063163950
2017655140120
20181588299571
Tableau : Un échantillon des chiffres fournis par le portail du ministère dans le secteur littéraire

Le Ministère ne présente pas les catégories de ces livres ni la stratégie qu’il a suivie pour l’acquisition, mais il se limite à la remarque : “ Le Ministère acquiert de nouvelles publications chaque année en fonction de ses besoins.” Quels sont ces besoins? Qui est ce qui les définit et selon quoi? Ces informations ne sont pas disponibles sur les plateformes des ministères, qui sont ouvertes au public au moins.

Système de subventionnement culturel : plus qu’une question sans réponse

Avant d’aborder le système de soutien culturel, il faut noter que l’ancien système continue de fonctionner, même si on commence à adopter des réformes qui ne sont réellement que des embellissements superficiels. Ceci qui implique nécessairement la poursuite de la politique de l’ancien régime qui consiste à exploiter le ministère de la La culture comme un espace où les créateurs montrent leur loyauté, 

comme l’a exprimé Béchir Ben Slama, ministre des Affaires culturelles de Bourguiba[12], lorsqu’il a évoqué la préservation par le ministère des « mêmes mécanismes de fonctionnement du système du 7 novembre ».

Chaque année, le ministère lance un appel aux candidatures pour une bourse du Fonds d’Encouragement à la Création Littéraire et Artistique dans presque tous les domaines culturels. (Le nombre de conditions initiales d’acceptation des candidatures figurant dans le texte de l’avis d’ouverture des candidatures chaque année). Aucune information sur les critères de sélection des œuvres soutenues et la valeur des subventions, le degré de réussite et la qualité du travail, son impact social et sociétal n’est disponible… La liste des œuvres primées n’est pas non plus publiée, ce qui soulève plus d’une question sur le sort des dépenses  publiques , compte tenu de la politique de « bonne gouvernance » que les gouvernements successifs ont brandi depuis 2011 jusqu’à aujourd’hui et dont la transparence est l’un de ses piliers.

La plupart des problèmes soulevés dans les mécanismes de travail et la politique du ministère de la Culture se rejoignent dans leur ambiguïté et leur manque de transparence. Ainsi que le manque d’études sérieuses et fiables sur la qualité des travaux culturels réalisés, que ce soit sous la tutelle du Ministère ou dans le cadre d’initiatives du secteur privé et d’associations culturelles non gouvernementales. Ce qui fait que tout diagnostic correct nécessite la disponibilité de données précises. En l’absence d’information et de données similaires, le travail culturel et les activités du ministère de la Culture restent en cause.

Réflexions autour des solutions et des étapes menant à une renaissance de l’action culturelle :

D’emblée, il faut préciser que l’acte culturel ne peut être qu’un acte collectif entre créateurs et public, ce qui implique qu’une politique culturelle efficace ne peut être élaborée sans passer par un dialogue élargi et une approche participative pour atteindre le niveau minimum de consensus autour d’un projet culturel global et inclusif qui procède de l’individu vers la communauté en passant par la famille, et du local au régional ensuite au national, tout en tenant compte de la liberté de création, pour ne pas créer aucune forme de tutelle.

Définir une politique publique sérieuse :

Dans son livre “La sociologie de la culture et des pratiques culturelles”, le professeur de sociologie français Laurent Fleury définit la relation entre l’État et la culture comme suit [13] : “Le politique a une conscience primitive que les orientations et les mécanismes symboliques des actions humaines ont des conséquences inévitables sur l’action, la consommation et la production selon la manière dont les acteurs sociaux sont identifiés. En lançant un dialogue public et participatif, le ministère doit soutenir ses politiques actuelles en incluant des plans stratégiques pour des objectifs précis à court et moyen termes, et que leur réalisation soit basée sur des indicateurs et des statistiques qualitatifs. Ces objectifs peuvent inclure, par exemple :

Faire face à des phénomènes sociaux tels que le viol et le harcèlement sexuel : Il convient de noter que des efforts sont deja déployés par les appareils impliqués dans ce domaine tels que le ministère de la Femme et le ministère de l’Intérieur. Il faut noter également que la confrontation à ce genre de phénomènes sociaux ne peut incomber à une unique administration. Par conséquent, ce sont des efforts qui s’unissent et se renforcent mutuellement dans une politique générale de l’État dans son ensemble. Cependant, le ministère de la Culture doit jouer un rôle pivot et de leader dans cette politique, compte tenu de la sensibilité de cette question et de ses racines sociales et culturelles.

Améliorer la compétitivité des produits culturels tunisiens aux niveaux régional et international : Parmi les obstacles à la production culturelle tunisienne figurent l’étroitesse du marché intérieur et les faibles revenus des classes moyennes et populaires. Quant au niveau de promotion et de diffusion au niveau régional, il existe plusieurs considérations culturelles, linguistiques et dialectales, qui empêchent le développement de l’industrie culturelle, tel que le cinéma et la publication de livres, comme le modèle égyptien par exemple. Pour cela, il est possible de fixer des objectifs au sein des programmes du ministère et de ses politiques, qui se focalisent sur la promotion des produits créatifs tunisiens au niveau régional, au moins dans un premier temps. Le rattachement des œuvres cinématographiques avec des traductions en arabe ou dans les dialectes locaux voisins peuvent être des pistes primaires. Il faut qu’il y ait, en parallèle, un suivi de la réalisation de ces objectifs par des chiffres et des données quantitatives et qualitatives.

Implanter des mécanismes de suivi et de collecte de données intelligentes

Le cinéma d’auteur et l’art expérimental constituaient un refuge pour les intellectuels tunisiens contre la censure systématique avant la révolution du 17 décembre-14 janvier. Car leur consommation, qu’il s’agisse de films ou d’autres produits culturels, ne pouvait être considérée comme un critère de leur succès en tant qu’art « élitiste » ou « académique» du moins. Même si les films tunisiens ont acquis un rang respectable à l’international, en termes de récompenses et d’accueil, ils n’ont toujours pas résolu l’équation difficile pour nouer le succès au niveau des compétitions internationales a une reconnaissance locale. De plus, en terme de quantité, la scène cinématographique tunisienne connaît une crise complexe : une production limitée et une baisse continue du nombre de spectateurs ; la production est passée de 181 films (courts et longs métrages) en 1982, 81 en 2002 à 11 films en 2012. Le cinéma n’est pas une exception, on peut même dire qu’il est le moins touché, car tous les domaines de la création, si on exclut le chant et la danse folklorique, souffrent de crises complexes qui étreignent leur rayonnement même dans un climat de libertés qui a régné depuis 2011[14].

A ce niveau, l’implantation de mécanismes de suivi et de collecte de données peut être utile, par exemple : un guichet unifié pour le cinéma, le théâtre et autres spectacles (un système numérique unifié, qui comprend une base de données pour la vente de billets pour des spectacles artistiques ) ainsi qu’un système intelligent de suivi de prêts de livre par les bibliothèques publiques pour permettre aux parties prenantes dans le secteur culturel, qu’il soient acteurs ou critiques, doivent analyser les tendances artistiques populaires et segmentaires et identifier les zones d’échec en tant qu’une étape première vers une formule de réussite locale qui adopte la spécificité tunisienne, la demande interne et les attentes internationales.

Conclusion:

Howard Baker considère que l’État « participe à la production et à la diffusion de l’art sur son sol » pour servir ses intérêts à travers ses appareils administratifs et à travers trois outils majeurs qui sont : le soutien officiel, la censure et la répression. C’est précisément ce que l’État post-indépendance a fait et employé dans sa politique générale : la tunisification et la construction du credo national. Après avoir épuisé la politique de fondation éducative et culturelle, l’État a procédé, au début des années 90, à la neutralisation du champ culturel par rapport au champ public et à la création d’une rupture entre les affaires publiques, en particulier le volet politique et ses deux versants social et économique, et les acteurs culturel. 

Depuis la révolution 14-17 et jusqu’à nos jours, les contenus culturels manquent encore de propagation populaire/organique, ou tentent de s’y diriger, dans un climat de troubles politiques qui dominent depuis 2011. Au passage, et avant de conclure, nous signalons plusieurs autres problèmes au niveau du contenu de la production culturelle telle que l’aliénation (conséquence directe des financements étrangers, selon une logique orientaliste), ou la domination d’une seule culture mainstream (une culture centraliste de la capitale et l’anéantissement de la diversité culturelle des régions), ainsi que l’absence de composantes minoritaires de la scène culturelle (minorités sexuelles, raciales et ethniques..) ou leur faible invocation pour une présence en minime en terme de valeurs (comique ou purement péjorative…).

Ce papier est une contribution, ou une tentative de lecture et d’analyse des obstacles à la réalité culturelle en Tunisie selon les études et les lectures disponibles. Cependant, en raison de la sensibilité du sujet étudié, nous avons essayé, dans la mesure du possible, de maintenir l’objectivité de l’approche, d’aborder les problèmes de l’aspect diagnostique à ses niveaux quantitatif et qualitatif et de proposer des visions pour des solutions à ces problèmes, qui, si elles étaient mises en œuvre, fourniraient une plate-forme d’information et de données qui permettrait aux personnes impliquées et aux acteurs des affaires culturelles une analyse complète et approfondie, offrant ainsi des solutions et des politiques plus efficaces.

Tout comme l’idéologie économique qui peut être un élément d’unité et d’agrégation nationale, la culture et la production culturelle ne peuvent émaner d’une proposition individuelle ou sectaire, hégémonique et tutélaire, mais elle doit être plutôt  le résultat d’un accord national participatif qui garantit un minimum représentatif pour les cultures minoritaires comme les Amazighs et autres et qui tient compte des particularités des régionales des localités. 

Recommandations :

  • Reconsidérer les processus de collecte de données et de statistiques sur les produits créatifs et culturels par le ministère de la Culture et ses appareils affiliés avec une participation du reste des parties prenantes, telles que les entrepreneurs culturels du secteur privé.
  • Lancer des consultations nationales organisées par le ministère en tant que partenaire, lors desquelles on appelle les artistes, les créateurs et les universitaires ainsi que les associations culturelles, comme étape préalable à un dialogue national sur la culture et les politiques culturelles.
  • Réactiver le Conseil Supérieur de la Culture.

[1] Annuaire Statistique de la Tunisie 2015-2019 lien: http://insInstitut National de la Statistique .tn/publication/annuaire-statistique-de-la-tunisie-2015-2019 [2]Extrait d’une émission spéciale réalisée par Nessma TV le 6 avril 2014, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Bourguiba : https://www.youtube.com/watch?v=fzE-Sl5EQKQ&t=85s visionné le 17/11/2021 [3] Noureddine Sraieb, Mutations et réformes des structures de l’enseignement en Tunisie, Annuaire de l’afrique de nord, Paris 1968. Voir aussi l’article de l’auteur avec le monde dipolamtique en 1969, lien: https://www.monde-diplomatique.fr/1969/05/SRAIEB/29009 [4]Interventions de Salma Bakkar, Hatem Ben Milad, Ahmed El Khechin, Mohamed Baaziz et Nouri Bouzid dans le film documentaire “Le cinéma tunisien (Memoire du Cinéma) de Al Jazeera Documentaire. lien vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=HHNQXicYyEM [5]Bilel Aboudi. Base de données internationale pour les politiques culturelles. Profil du pays : Tunisie. Décembre 2013. https://www.culturalpolicies.net/wp-content/uploads/2019/10/tunisia_full_profile_2013.pdf [6] code d’encouragement à l’investissement de 1994 https://www.emploi.nat.tn/upload/docs/code.pdf
[7] Source n°5 [8] Eduard Herriot :“La culture, c’est ce qui demeure dans l’homme lorsqu’il a tout oublié.” Source : http://evene.lefigaro.fr/citation/culture-demeure-homme-tout-oublie-8092.php. Date de consultation : 24/11/2021.[9] Une description adoptée par Al-Saghir Al-Salihi dans son livre : Le colonialisme interne, le système de marginalisation en Tunisie. Tunisia Compendium Profile on Cultural Policy: https://mawred.org/research-publication-en/tunisia-compendium-profile-on-cultural-policy/?lang=en [10] Bilel Abboudi, Enquête exploratoire sur les politiques culturelles en Tunisie, https://mawred.org/research-publication/%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%b3%d8%ad-%d8%a7%d8%a7%d9%84%d8%b3%d8%aa%d9%83%d8%b4%d8%a7%d9%81%d9%8a-%d9%84%d9%84%d8%b3%d9%8a%d8%a7%d8%b3%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d8%ab%d9%82%d8%a7%d9%81%d9%8a%d8%a9-%d9%81-3/
[11]Sarah Chebi. Un article dans au journal “El Maghreb” intitulé ” السياسات الثقافية في تونس السياق المنفصل ” publie le 27/07/2020 [12]Extrait de son entretien avec Nawaat le 26/08/2013. Lien: https://nawaat.org/2013/08/26/%D9%88%D8%B2%D9%8A%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D8%B4%D8%A4%D9%88%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%AB%D9%82%D8%A7%D9%81%D9%8A%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D8%A7%D8%A8%D9%82-%D8%A7%D9%84%D8%A8%D8%B4%D9%8A%D8%B1-%D8%A8%D9%86[13] Laurent Fleury, Sociologie de la culture et des pratiques culturelles, Paris, Armand Colin, 2010, p. 78.[14] Tarek Ben Chaabane, الحقل الثقافي: من الثورة إلى الجمهورية الثانية. Arab Reform Initiative 2018. lien: https://www.arab-reform.net/ar/publication/%D8%A7%D9%84%D8%AD%D9%82%D9%84-%D8%A7%D9%84%D8%AB%D9%82%D8%A7%D9%81%D9%8A-%D9%85%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%AB%D9%88%D8%B1%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%89-%D8%A7%D9%84%D8%AC%D9%85%D9%87%D9%88%D8%B1%D9%8A%D8%A9/

Références bibliographiques
Le contributeur

Haythem MADDOURI

Ingénieur et contributeur de presse

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